lundi 21 mai 2007

Réponse de M.Povinelli à M. Vauzelle , avril 2007

Allauch, le 6 avril 2007


Monsieur Michel VAUZELLE
Président du Conseil Régional
Hôtel de Région
13481 MARSEILLE Cedex 20


Nos réf . PAC/M n°88/07


Objet : votre courrier du 26 février 2007


Monsieur le Président,

Je tenais à vous remercier d’avoir répondu à mon courrier du 12 février 2007, concernant un projet qui nous est cher à tous les deux.

Vous reprenez la chronologie des faits qui ont amené le Conseil Régional à prendre la décision d’implanter le 3ème lycée dans le quartier de Saint-Mitre à Marseille.

Toutefois, il me semble indispensable de tenter au préalable de partager un même constat, voire même de clarifier certains désaccords.

Je ne remets pas en cause votre sincérité et votre volonté de faire du Conseil Régional une institution dotée de réels outils de concertation avec la société civile régionale.
Vous avez démontré dans de nombreux domaines, et bien avant l’heure, que la démocratie participative était au cœur de votre méthode de gouvernance.

Malheureusement dans ce dossier, nous n’avons pu constater la réalité de votre discours et vous n’êtes pas sans ignorer le mécontentement suscité par votre volonté d’imposer l’implantation du 3ème lycée sur le site de Saint-Mitre.

Ce décalage entre les discours et les actes provoque trop souvent le découragement des citoyens les plus actifs. Certains ont ainsi très mal vécu la première réunion du comité de pilotage du lycée de Saint-Mitre du 19 février 2007 où l’organisation de la salle et des débats démontrait clairement la volonté de « décourager » les parents d’élèves, les CIQ comme les élus présents. N’étant pas désignés membres officiels du comité de pilotage ; ils sont intervenus après deux heures d’attente et sans réels échanges avec l’ensemble du comité de pilotage.


A ce propos, la ville d’Allauch, tout comme ses associations de parents d’élèves, n’avaient pas été invitées au sein de ce comité de pilotage alors même que nous sommes les premiers concernés. Je vous rappelle que 40% des effectifs du Lycée Artaud sont issus de la commune. Est-ce un oubli ou la volonté de refuser toute parole contradictoire ?

La création d’un nouvel établissement nous engage pour des années, bien au-delà de nos mandats respectifs. C’est pourquoi, à la lecture de votre courrier, je me permets de vous apporter les précisions suivantes.

Si je partage l’historique à partir de 2003 et jusqu’à la fin 2004, je constate que nos analyses dès janvier 2005 diffèrent.

Sur les faits, reprenons point par point votre courrier.

Vous avez reçu deux propositions de terrain, la première de la mairie de Marseille, le 8 janvier 2005 suivi le 9 mars par celle de la ville d’Allauch (proposition déjà formulée au 4ème trimestre 2004 par mon Adjoint aux Affaires Scolaires lors d’une réunion avec vos services). Vous précisez ensuite que la direction des lycées commence « une étude des propositions en concertation avec le Rectorat et sur la base de l'étude démographique de l’AGAM croisée avec des données de l’INSEE ».

Or, cette étude contradictoire ne concerne que les bassins de vie des 13ème et 14ème arrondissements et d’Allauch/Plan-de-Cuques. Ainsi, il est évident que la plus forte progression de population se situe au nord de Marseille.

A mon sens, la première lacune de vos services a été de ne pas prendre en compte la problématique des habitants des 11ème et 12ème arrondissements nord et pour lesquels le lycée de la Fourragère ne répondait en rien à l’attente de cette population.

Cette réalité avait été de nombreuses fois soulignée par le Député Christophe MASSE lors des deux comités de pilotage du lycée La Fourragère les 14 décembre 2004 et 25 avril 2005. Il apparaît donc évident à ce moment là que l’implantation du troisième lycée sur le site d’Enco-de-Botte permet de régler judicieusement deux problèmes en un seul investissement.

Vous soulignez que le terrain de la ville de Marseille était disponible à cette époque. Si je m’en réfère au compte rendu (rédigé par vos services) du comité de pilotage de La Fourragère du 25 avril 2005, le problème du foncier n’est toujours pas réglé. Je cite les propos du Vice-Président en charge de ce dossier à cette époque, Monsieur Patrick MENUCCI « Le 1er avril (2005), j’ai écrit à Monsieur Jean-Claude GAUDIN en lui disant que je n’avais pas eu la réponse. Nous sommes le 25 avril, je n’ai toujours pas la réponse. (…) Jean-Pierre MASSIERA a contacté, à plusieurs reprises, les fonctionnaires de la Mairie : toujours pas de réponse ».

Deux mois avant le vote par le Conseil Régional, vous n’aviez encore aucune certitude sur la disponibilité de ce terrain.


Enfin, durant cette très courte période de « concertation » et d’analyse « contradictoire » par vos services, la ville d’Allauch n’a jamais été associée. Est-ce dû au fait que vous aviez déjà choisi et qu’il fallait habiller cette décision du plus beau costume de la démocratie participative ?

J’en suis aujourd’hui convaincu.

Monsieur MENUCCI l’a affirmé lors du même comité de pilotage du 25 avril, je le cite : « Le Président VAUZELLE m’a donné comme orientation de faire ce lycée à Marseille, si on le peut. Je suis donc allé dans ce sens là (…) A un moment, je me retournerai vers le Président de Région : si la Ville de Marseille bouge, elle aura un lycée, si elle ne bouge pas, elle n’aura pas de lycée parce qu’il va falloir que les élèves de ce quartier aient un lycée ».

Au-delà de votre choix préalable et d’une analyse technique « faussée » de vos services, vous avez engagé une démarche dite de concertation avec les associations de parents d’élèves et l’ensemble des partenaires des quartiers intéressés. Vous affirmez dans votre courrier que « de nombreuses réunions du CICA des 13ème et 14ème arrondissements ont permis de diffuser ces éléments sans soulever d’opposition des parents d’élèves… ». Au préalable, il est étonnant de constater qu’une institution régionale se contente d’avoir comme outil de concertation un CICA d’une mairie d’arrondissement. Celui-ci ne peut se prévaloir de représenter l’ensemble de la communauté éducative concernée par la création du troisième lycée.

Or, vos services auraient pu vous tenir informé qu’à la suite du compte rendu de la réunion du 20 décembre 2004 (établi par le CICA Education) ne mentionnant pas les interventions des associations de parents d’élèves, ces dernières ont refusé de siéger à la réunion suivante en avril 2005.

Il est à noter que ces associations et fédérations étaient co-fondatrices du « collectif pour un 3ème Lycée ». A cette époque, l’analyse contradictoire des deux projets n’avait pas été faite et ne le sera jamais en présence des associations de parents d’élèves.

C’est parce que le Conseil Régional a refusé d’entendre les interlocuteurs présents sur le terrain, que ces associations de parents d’élèves et CIQ ont décidé de se rapprocher. C’est ainsi que va naître le Collectif pour un troisième lycée à Enco-de-Botte rassemblant l’ensemble des associations de parents d’élèves et de CIQ (de Marseille 11, 12 et 13ème arrondissements, d’Allauch et de Plan-de-Cuques).

A partir de ce moment là, votre premier interlocuteur, « le Collectif pour un troisième Lycée » a disparu et « le Collectif pour un troisième Lycée à Enco-de-Botte » est né.

Ainsi, au moment même où vous affirmez que la concertation a eu lieu, de mars à juin 2005, tous les éléments factuels démontrent le contraire. Il existait ainsi une opposition forte des représentants de la Société civile que vous ne pouviez ignorer. Un article de presse paru dans La Provence daté du 8 juin 2005, titrait qu’un collectif représentatif de la population réitérait la mise en place d’une réelle concertation !


Pourtant lors du vote par l’Assemblée Plénière le 24 juin 2005, aucun élu n’a été informé des difficultés liées à cette implantation.

Le lendemain de cette décision, votre Directeur de Cabinet a reçu une délégation de ce même collectif. Il s’est dit surpris de cette réaction « tardive ». Il est allé jusqu'à affirmer que la décision était irrévocable.

A partir de juin 2005, le dossier a été considéré comme clos par vos services comme par le Rectorat. Ainsi, le choix est arrêté en 3 mois et sans avoir été associé à une étude contradictoire des avantages et des inconvénients des deux projets. C’est sans doute pourquoi, je n’ai pas reçu de réponse à mes courriers depuis tant d’années.

Le 26 septembre 2005 déjà, je vous écrivais : « Bien qu’aucune réponse officielle à nos propositions ne nous soit parvenue et malgré que je sois informé, par voie de presse, que le Conseil Régional ait fait son choix le 24 juin 2005, j’espère et je souhaite qu’il ne soit pas définitif ».

Depuis, le collectif s’est battu pour démontrer que le choix d’Enco-de-Botte était un choix d’avenir en matière de développement durable et la solution permettant de répondre aux intérêts d’une plus grande partie de la population de Marseille, d’Allauch et de Plan-de-Cuques, au premier rang de laquelle nos enfants.

D’autres élus, toutes tendances républicaines confondues, Messieurs MALLIE et BLUM, députés, ont soutenu leur démarche. La Fédération départementale FCPE est intervenue à plusieurs reprises.

Vous devez comprendre que l’ensemble des personnes mobilisées, comme l’a souligné une représentante de parents d’élèves avec émotion le 19 février dernier en mairie des 13ème et 14ème arrondissements, se bat pour que leurs enfants puissent bénéficier d’un lycée sans perdre jusqu’à trois heures en transport en commun par jour.

Vous connaissez la problématique dans ces quartiers des 11ème et 12ème nord, depuis le choix de La Fourragère. Vous savez que ces habitants n’ont plus d’autres choix que d’opter pour l’enseignement privé. Il est aussi de notre devoir que de permettre à tous d’avoir accès à l’enseignement public.

Le choix d’Enco-de-Botte est celui qui répond le mieux à l’ensemble des problèmes de nos territoires dits du Bassin Etoile Sud et 11ème-12ème Nord.

Aujourd’hui, je demeure persuadé que ce choix ne peut être le vôtre et il est encore temps de nous démontrer qu’une réelle concertation est possible, en respectant les délais et les acteurs.

Dans cette attente,

Je vous prie de croire, Monsieur Le Président, en l'assurance de mes sentiments les meilleurs.


Le Maire,
Conseiller Général,
Roland POVINELLI


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